Le Cessna 206 Soloy F-HSTL décolle d’Albi-Le Séquestre vers 00 h 30 pour un vol de largage nocturne improvisé, avec un parachutiste à bord. L’aérodrome est fermé et non balisé, mais le pilote décide d’effectuer le saut à 4 500 ft. Après le largage, l’avion poursuit sa descente vers la piste 27 avant de percuter une colline à 2 km du terrain. L’appareil prend feu ; le pilote est blessé.
Ce samedi soir, le pilote, instructeur professionnel et salarié d’un centre de parachutisme, passe la soirée avec un ami parachutiste. Vers minuit, l’idée leur vient de réaliser un largage nocturne depuis l’aérodrome d’Albi-Le Séquestre.
Aucune autorisation, aucun balisage, aucune préparation : le vol n'est ni prévu dans le manuel d’exploitation de la société, ni conforme à la réglementation du parachutisme, limitée au coucher du soleil + 30 minutes. Malgré cela, l’avion est sorti du hangar, mis en route, et préparé pour le départ.
À 00 h 30, le pilote décolle en piste 27, sans balisage lumineux actif, l’agent AFIS n’étant pas présent. Il entame la montée, contacte le SIV de Toulouse, et annonce son intention de larguer un parachutiste à FL 100. Le contrôleur, pensant le vol autorisé, lui répond qu’il n’y voit pas d’objection. Ce feu vert implicite renforce la confiance du pilote. Quelques minutes plus tard, il interrompt sa montée vers 6 500 ft, probablement arrêté par une couche nuageuse, puis effectue le largage à 4 500 ft.
Une fois seul à bord, le pilote descend vers la piste 27. Il fait nuit noire, sans lune, avec une couverture nuageuse complète et un terrain légèrement vallonné. En finale, il perd les repères extérieurs et s’aligne approximativement vers le terrain. Le radar montre une descente régulière d’environ 1 100 ft/min. À 00 h 51, l’avion percute la végétation d’une colline à 2,2 km du seuil, avant de prendre feu. Le pilote parvient à s’extraire, légèrement blessé.
L’aérodrome d’Albi est agréé pour le vol VFR nuit, mais uniquement lorsque le balisage est activé. Ce soir-là, aucune lumière de piste n’est visible. En approche dans un environnement sombre et sans horizon, le pilote perd la perception de sa position réelle.
C’est le syndrome du trou noir : la piste semble plus haute qu’elle ne l’est, incitant à une descente excessive. L’absence d’horizon lumineux empêche toute correction.
Les analyses effectuées après l’accident ont révélé une consommation d’alcool par le pilote, issue de la soirée précédant le vol. Plusieurs témoins évoquent une ambiance festive et la volonté "d’essayer un saut de nuit".
Cette désinhibition, combinée à l’expérience du pilote (plus de 2 700 heures de vol), a pu créer un sentiment de maîtrise trompeur : "je connais l’avion, je connais le terrain".
Une combinaison classique : compétence réelle mais jugement altéré.
Le feu vert du SIV de Toulouse, donné à titre d’information, a probablement été interprété comme une autorisation. En réalité, le contrôleur n’avait pas connaissance que le terrain était non balisé et que l’activité parachutisme de nuit n’était pas autorisée.
Ce malentendu illustre l’importance de la vérification réglementaire personnelle : un simple échange oral ne remplace ni la lecture d’un NOTAM, ni la validation par le responsable d’exploitation.
Ce vol illustre ce que le BEA appelle une érosion de la culture de la marge. Tout fonctionne, tout semble sous contrôle, donc on tente "juste un essai". Le vol commence hors cadre, dans la bonne humeur, et se termine à quelques mètres d’une réussite apparente.
De nuit, cette zone grise entre "acceptable" et "dangereux" est très courte : sans balisage, sans repère, la marge disparaît totalement.
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