Le Mooney M20J F-OIAT décolle de Lifou-Ouanaham en Nouvelle-Calédonie vers 1 h du matin, avec à bord le pilote, responsable de l’aérodrome et trois passagers. Le vol, improvisé après une soirée, s’effectue de nuit noire, sans service de contrôle, dans une zone sans repères lumineux. Quelques instants après le décollage, l’avion perd le contrôle et s’écrase à proximité du terrain. Quatre morts, appareil détruit.
Sur l’île de Lifou, en Nouvelle-Calédonie, le chef de l’aérodrome et trois collègues passent une partie de la soirée ensemble. Un peu après minuit, ils décident de "faire un vol", sans préparation, ni plan de vol, ni véritable motif. Le pilote, expérimenté de jour, mais peu entraîné récemment de nuit, met en route son Mooney M20J et allume le balisage automatique de la piste 12.
À 00 h 58, l’avion s’aligne et décolle dans un silence total : aucun contact radio, aucun service de contrôle actif.
À cette heure, la lune est couchée depuis longtemps. Le ciel est couvert, la mer invisible, et l’aérodrome est entouré de forêt. Hors de l’axe de la piste, aucune lumière n’aide à percevoir l’assiette ou le relief. L’avion vire à gauche après le décollage, s’éloigne brièvement, puis revient vers le terrain. Des témoins entendent le moteur prendre des tours, puis un bruit bref de descente accélérée. Quelques secondes plus tard, le silence. Le Mooney s’écrase deux kilomètres à l’est du terrain, à la verticale du sol.
L’enquête du BEA montre que l’avion a heurté le sol avec une assiette à piquer proche de la verticale.
Aucun problème mécanique n’a été relevé : moteur en fonctionnement, commandes intactes, volets en position décollage. L’analyse conclut à une perte de contrôle en montée initiale, consécutive à une désorientation spatiale totale. En nuit noire, sans repères extérieurs, la moindre inclinaison non corrigée peut entraîner une perte d’équilibre irréversible.
Le terrain de Lifou est isolé, sans ville ni relief lumineux à proximité. Au-delà de la piste, le vide visuel est complet. Dans ces conditions, le pilotage aux instruments devient la seule référence fiable. Mais le pilote, non qualifié IFR et sans pratique récente, n’était pas préparé à piloter sans repères. L’hypermétropie et la presbytie signalées dans son dossier médical accentuaient encore la difficulté d’adaptation à la faible luminosité.
Les analyses médico-légales ont révélé la présence d’alcool dans les corps des quatre occupants. Les enquêteurs ont également retrouvé des verres et des bouteilles sur la terrasse du logement des contrôleurs, peu avant le vol. Même à faible dose, l’alcool réduit la vision nocturne, ralentit la coordination et altère le jugement.
Combiné à la confiance d’un pilote chevronné dans un cadre familier, il favorise la décision impulsive : "juste un petit vol pour le plaisir".
Le pilote totalisait près de 3 000 heures de vol, mais très peu d’activité récente de nuit. Aucun décollage nocturne n’avait été effectué dans les 90 jours précédents, alors que la réglementation l’exige pour transporter des passagers.
Cette expérience ancienne mais non entretenue ne pouvait compenser les effets cumulatifs : fatigue, alcool, nuit noire, et illusion sensorielle.
Cet accident illustre la frontière fragile entre compétence et imprudence.
Le vol de nuit impose une discipline absolue : préparation météo, entraînement récent, plan de vol, et respect de la réglementation sur le transport de passagers. La nuit sans lune, plus que toute autre, exige une conscience aiguë de ses limites. Ce drame rappelle qu’un vol "pour le plaisir", lancé sur un coup de tête, peut devenir une impasse mortelle.
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