L’ATR 72 cargo décolle de Cologne en pleine nuit pour un vol à destination de Sofia. Lors du backtrack, l’équipage s’aligne par erreur sur le bord gauche de la piste 06 au lieu de l’axe central. Au décollage, l’appareil heurte plusieurs feux de bord de piste, arrachant une rangée complète avant l’interruption du roulement. L’avion s’immobilise sans blessé, mais la piste est endommagée. Incident au roulage, aucun dommage structurel grave.
Il est un peu avant quatre heures du matin sur la plateforme de Cologne. Un ATR 72-212 s’apprête à décoller pour un vol cargo à destination de Sofia. Les deux pilotes, expérimentés, terminent leur préparation sur une piste calme, dans une nuit noire et claire. Visibilité parfaite, pas de vent, pas de stress. La routine, en apparence.
Après le backtrack sur la piste 24, l’équipage s’aligne pour le départ sur la piste 06. En sortie de virage, ils aperçoivent une ligne de feux bien visibles devant eux et s’y alignent naturellement. Ces feux sont… ceux du bord gauche de piste, et non de la ligne médiane. Dans la lumière vive des projecteurs, la différence est subtile, surtout sur une raquette large sans repère central marqué. Le décollage est autorisé, les gaz sont mis, et l’ATR s’élance… droit sur la bordure lumineuse.
Quelques secondes après le début du roulage, des chocs secouent le poste de pilotage. Les pilotes aperçoivent des objets voler à travers les faisceaux des phares.
Incompréhension, puis décision immédiate : arrêt du décollage. L’appareil s’immobilise, légèrement endommagé.
Derrière lui, la piste témoigne de la méprise : neuf feux et un lampadaire arrachés sur plusieurs centaines de mètres.
De nuit, les repères géométriques disparaissent : la perception de l’axe repose uniquement sur les feux. Or, ceux du bord de piste et ceux du centre peuvent paraître identiques selon l’angle, surtout quand la luminosité est faible.
Ce phénomène est bien connu des organismes d’enquête : il a causé plusieurs incidents similaires à Dresde, Prestwick ou Karup. Dans le cockpit, les pilotes "voient juste", mais ce qu’ils voient n’est pas ce qu’ils croient.
Les enregistreurs montrent qu’au moment du virage final, l’équipage effectuait la check-list avant décollage. Une simple tâche de routine détourne brièvement le regard, et l’alignement visuel devient approximatif.
C’est un schéma classique : distraction légère, illusion forte, erreur durable. La gestion du roulage de nuit exige une vigilance partagée et une coordination stricte, l’un pilote, l’autre vérifie.
Le manuel d’exploitation de la compagnie rappelait pourtant les principes : vérifier la position sur la carte-sol, croiser le cap compas avec la direction de piste, utiliser les phares comme référence secondaire, et interrompre tout roulage en cas de doute. Ces procédures existent pour compenser les limites humaines. Ce jour-là, la confiance visuelle a pris le dessus sur la vérification instrumentale.
Aucun blessé, des dégâts mineurs, mais un scénario riche d’enseignements : l’illusion nocturne peut transformer un simple roulage en incident grave. Le BFU allemand rappelle qu’il s’agit d’un exemple typique d’erreur "prévisible et récupérable".
Le système doit être conçu pour la tolérer. D’où les recommandations de marquages plus explicites, d’éclairages différenciés entre axe et bord de piste, et d’entraînement spécifique au roulage de nuit.
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